SIRENA

Chapitre 1

Mais où étais-je donc ? Je venais juste d’ouvrir un œil… Ah oui, le motel. Mon esprit se remit doucement en place. Je me tournai vers la fenêtre, le ciel d’un gris perle me salua, des goélands semblaient valser dans les airs, emportés par chaque bourrasque de vent. Je m’enroulai un peu plus dans l’édredon. Il allait me falloir quelques temps pour m’habituer. Le ciel bleu, je ne connaissais presque que ça, le gris me faisait un peu peur. Mais ma décision était prise, je resterais ici au moins six mois.

 Ici. Cette île loin de tout, et surtout, de tout le monde. Je m’appelle Léa, j’ai tout juste 25 ans, et toute la vie devant moi… Mais un stupide chagrin d’amour m’a fait basculer, chavirer, je ne me reconnaissais plus. Alors, j’ai décidé de partir, de m’éloigner de lui. Je n’ai pas l’habitude de faire les choses à moitié, alors me voici sur cette petite île de 200 âmes depuis laquelle il ne faut pas moins de dix à quinze jours pour rejoindre le continent, si le vent est clément. C’est un îlot de terre bordé de hautes falaises abruptes, clairsemé de jolies criques, certaines ornées de sable fin et doré, d’autres agrémentées de minuscules galets argentés. Il n’y a pas beaucoup d’arbres mais ceux présents ont une drôle d’allure, couchés presque à ras du sol… L’empreinte du vent est présente partout sur cette île. De vastes étendues d’herbes sèches s’étendent d’un bout à l’autre de ce petit morceau de terre. Lorsque pour la première fois hier j’ai posé le pied ici, j’ai été tout de suite conquise. Je me serais crue dans l’un des romans que j’affectionne, prête à voir surgir mes héros de littérature…  Il y a donc exactement quinze jours que j’ai pris une carte du monde fermé mes grands yeux verts et laissé tomber mon doigt au hasard. C’est sur ce minuscule point que le destin a choisi de m’envoyer. Personne autour de moi n’a compris ma décision, peu importe, elle ne regarde que moi après tout. Me voici donc sur l’île de
« Sirena ».

[…]

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